Tribune libre de Daniel Bret : ce point de vue est personnel et n'engage que son auteur
Je peux imaginer que nos lecteurs ne sont pas tous passionnés par les mouvements sociaux et en particulier les grèves dans l’Éducation Nationale dont on se demande parfois si elles sont bien utiles et efficaces. Mais quelles autres possibilités s’offrent à un corps de métier lorsqu’il s’aperçoit que ses conditions de travail se dégradent régulièrement ? Ce métier d’enseignant est encore plus sensible à cette dégradation car en fait c’est la formation, l’éducation de nos enfants qui est en question, ce n’est pas juste le confort, le revenu des profs, leur carrière qui est en jeu ! Croyez moi, pour le rédacteur de ces lignes qui fut prof d’anglais au Collège Marlioz, les conditions de travail sont un plus considérable pour à la fois les enseignants et les élèves, et une relation harmonieuse avec le Principal de collège ou le Proviseur de lycée peut être un élément fort de ces conditions de travail.
Une explication préalable s’impose : précédemment les enseignants avaient deux notes annuelles qui allait rythmer leur progression donc l’évolution de leur salaire, la note d’inspection sur la manière d’enseigner leur matière attribuée par les Inspecteurs Généraux ou Régionaux, la note administrative attribuée par le chef d’établissement sur la ponctualité, le rayonnement, etc… Il est proposé qu’il n’y ait plus qu’une seule évalution des enseignants : celle du chef d’établissement.
On va donc y avoir ce jeudi 15 décembre, un grand mouvement de grève dans les établissements scolaires qui s'oppose à cette proposition du ministère. Je cite en annexe deux communiqués. Le tract d’une des 10 organisations syndicales (voir liste ci-dessous) qui appellent à la grève, ainsi qu’un communiqué de Chefs d’établissement qui eux aussi sont mécontents. Ce second communiqué permettra à nos lecteurs de mieux saisir ce qui provoque la colère des enseignants.
Ce qui se profile c’est le glissement vers une privatisation de l’enseignement public : le chef d’établissement devient un chef d’entreprise qui pourra diriger celle-ci à sa guise et sans doute avec l’idée de rentabiliser celle-ci. Cela pourrait être une bonne chose dans une société idéale, mais on risque de tomber sur des «petits chefs» qui sauront rendre la vie insupportable à tout personnel qui ne restera pas dans le rang. Et puis, surtout, par exemple, comment un chef d’établissement pourra-t-il juger de l’enseignement d’une langue vivante qu’il ne connaît pas ?
Cette nouvelle réforme porte donc en germe une modification profonde du système éducatif. Je ne développerais pas, mais si nos lecteurs veulent plus d’informations sur ce sujet ils pourront se reporter aux sites de différentes organisations syndicales. En voici une, avec le projet d’arrêté (il faut aller aux sources ?) et voici un lien pour signer la pétition mise en ligne.
Pour mémoire : liste des organisations syndicales CGT Educ’action, SE-UNSA, SGEN-CFDT, SNALC-CSEN, SNCL-FAEN, SNES-FSU, SNEP-FSU, SNUEP-FSU, SNLC-FO, SUD Education réunies le 17/11/2011dans le cadre d’une intersyndicale du second degré qui ont condamné unanimement les projets de textes sur l’évaluation des personnels enseignants, d’éducation et d’orientation que le ministère veut imposer dès la rentrée 2012.
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